danse avec les trous

Journée de roulage intense, puisque plus de 530 km sépare Beyney de Noukous. avec 1 frontière pas simple à traverser, un no-benzine-land sur les 450 premiers kilomêtres et des routes défoncées

A peine sortis de Beyneu à 7h00 du mat, il fait déjà 23°, la dernière station du village abreuve raz la gueule nos 2 GS. Nous avons également avec nous 2 rotopax de 3,8 l + 4 bidons de 2 litrres. avec cela, nous aurons suffisamment pour rejoindre la Première station avant Nukus sans faire de folies non plus. 

une fois gavés, davaï heu... pas tout à fait puisque la sortie du village commence par de la piste sablonneuse, et trialisante sur 25 km. D'entrée de jeu pour s"échauffer, cela aurait dû nous mettre la puce à l'oreille. 

80 km plus loin, c'est la sortie du Kazakh, avec 800 mètres de file de voitures dont les galeries  sont over chargées ! pendant que je vais chercher de l'eau fraîche dans une petite boutique, philippe se fait pleins d'amis et quand le reviens l'un deux nous tend un téléphone avec l'applicaiton de traduction instantanée nous expliquant que pour les étrangers, nous devons remonter la file jusqu'aux portes de la frontière. Ca tombe bien, les premiers de la file nous expliqueront être là depuis plus d'une journée ! Je m'en vais donc toquer à la porte du pays qui est close à cet instant, un militaire ouvre la porte puis me fait signe d'avancer nos véhicules à l'intérieur de l'enceinte ! Davaî on a grillé tout le monde. la même en couleur une fois à l'intérieur des bâtiments où un planton écartera les ouzbekes du guichet pour nous faire passer en priorité. c'est quand nous ressortons documents en mains pour nous faire vérifier les motos, qu'il se passe quelque chose de très inattendu. Une effervescence dans l'enceinte de la douane, puis 4 berlines rutilantes, arrivent par le portail qui s'ouvre instantanément, les plantons sont tous au garde à vous. Rapidement tous le monde descend des véhicules, avec caméra, appareils photos. Les officiers s'avancent sur le perron pour aller saluer le puissant qui vient leur rende visite. Mr Askar MAMINE vient inspecter les troupes. Nous sommes là à 15 metres de l'escalier où il passe précédé de tous les journalistes qui mitraillent. Heu, on comprend mieux pourquoi la frontière était fermée avant notre arrivée, on comprend aussi pourquoi nous avons été VIP 15 minutes avant cette intrusion, pas question qu'il y ai la queue au guichet quand Monsieur le premier ministre allait arriver.

10 minutes plus tard c'est à nouveau les marches du festival de cannes qui crépitent, tous remontent prestement dans les berlines, la porte métallique s'ouvre pour laisser passer le convoi qui remonte maintenant la file de voitures attendant à la frontière et au loin nous apercevons maintenant l'hélicoptère qui a amené tout ce beau monde, sans être secoués par les routes chaotiques. 

tout le monde se détend maintenant, et les douaniers ont le sourire, ils papotent entre eux. on a poireauter encore 40 minutes avant que philippe finisse par aller chercher l'un deux pour terminer les procédures et nous permettre de rejoindre la bordure Ouzbeke.

Et une nouvelle fois, nous voici remontant la file jusqu'à la 1ere porte barrée par..... un immense pédiluve de 15 metres de long d'une profondeur de 25 cm que nous devons traverser. l'eau est couleur de boue et le fond de la mare est un peu glissant alors je serre les fesses et m'y jette une fois que philippe est arrivé sans encombre sur l'autre berge. On nous ouvre la porte de la forteresse et s'en suit une vérification des passeports. on nous demande de retourner les motos pour photographier les plaques d'immatriculation avant de nous indiquer d'avancer tout en doublant encore les files d'attente jusqu'au check point suivant devant les bâtiments. Et bien ça c'est super bien passé. on est pris aussitot en charge par plusieurs agents qui nous prennent nos documents pour s'occuper eux mêmes des tracasseries, pendant ce temps là d'autres viennent discuter longuement avec nous sur le voyage mais aussi sur les performances des motos (et combien ça coûte?) puis ils épluchent... les drapeaux sur le topcase de philippe en s'étonnant de ne pas voir le drapeau Ouzbeke ! pas encore, nous n'y avons pas encore roulé.... bon OK on va coller nos petits trophées devant eux. Ceux sont eux qui ont tenu à faire la photo pendant ce petit rituel.

Ensuite ils ont demandé toujours très décontractés à ouvrir nos caisses. rien n'a été sortis à part 2 sachets de victuailles dans le sac bivouak ficelé sur Khan, et la vérification terminée,

ils ont aidé philippe a remballer son sac et à le refixer correctement sur la selle. Puis ils ont détaillé l'autocollant du voyage, alors on en a offert un et ils invitent philippe à les suivre pour lui montrer en direct le collage de leur trophée sur la vitre du poste de douane. 

Ils ont été au petit soin pour nous et franchement quand le premier l'accueil dans un pays est de ce type cela présage que derrière ces portes qui vont maintenant s'ouvrir à notre passage la population aura le même égard à notre attention. 

Les portes se referment derrière nous maintenant nous laissant avec une nuée de fans qui s'avancent vers nous avec des liasses de billets dans les mains ??? ah mais non excusez moi je me suis m'éprise. il s'agit pour nous de changer quelques billets pour avoir de quoi faire le plein avant Noukous.

nous reprenons la route, enfin faut le dire vite.... la route est plus que défoncée sur les prochains 150 bornes ! des trous cassants nous oblige a être très concentrés debout sur les cales pieds pour anticiper la trajectoire au mieux. Et dans l'un deux lilly va taper sérieusement. Un bruit soudain venant des pneus m'indique qu'il y a casse. STOP immédiat et philippe accoure au premier abord rien d'anormal: aucun rayon ne manque ) la roue avant, la roue arrière non plus. Philippe la fait rouler et il n'y a plus de bruit ni de comportement anormal. On en déduit que le bruit a dû etre produit par un caillou s'étant pris dans l'étrier de frein ou le capteur d'ABS mais il n'y a plus rien. alors on se remet en route. il est 14h30 quand on retrouve un goudron digne de ce nom. il faut encore être très vigilant parque surgit de temps en temps un trou solitaire ou encore une meute de trous guettant le pèlerin qui tombera dans ce piège. Il nous reste encore plus de 300 bornes à avaler. On ne va pas arriver de bonne heure.
s'en suit une météo orageuse qui nous remet un petit coup de pression avec quelques pluies suivies de bourrasques de vent jusque à notre arrivée, en passant encore sur des zones de travaux pleines de trous et un peu boueuses. 

La problématique pour nous dans ce pays c'est l'absence de station service avec de l'essence. Le pays est producteur de gaz et 99% des véhicules roulent au gaz.

d'ailleurs en aparté, en traversant la steppe désertique, apparaît ici et là des villes entières construites autour de l'usine d'extraction. Villes flambant neuves, beaux immeubles, pavillons de banlieue avec petit jardin propret ! la ville est fermée et réservée aux habitants qui sont les familles des personnes travaillant pour ces compagnies. un bon moyen de faire fonctionner l'économie en autarcie. Je paye ton travail et en échange, tu dépenses l'argent dans mes commerces : la méthode Meunier appliquée dans l'autres proportions. 

Nous nous arrêterons 2 fois pour remplir les réservoirs à l'aide des réserves que nous avons fait en partant. Et nous avons trouvé une station à Elabad (130 km avant noukous) C'est pendant cet arrêt que nous trouvons l'origine du bruit sur ma moto produit lors de la forte compression : c'est le pare pierre qui a morflé, une des vis a cassé net et il a la tronche en biais. philippe le démonte et il fera le voyage dans l'une de nos caisses. 

A peine les outils rangés qu'une voiture sur l'autre coté de la route s'arrete. Un grand gaillard en descend, saute le parapet central pour nous saluer chaleureusement. Il s'interesse à la mécanique de nos bestioles et nous demande gentiment de mettre le contact pour écouter le son du moteur. il tourne à la manière d"un orfèvre la poignée de gaz et semble ému par cette mélodie. et encore, elle chante en octane 80, s'il pouvait les entendre vocaliser sur du 98 hein !!! s'en suit une série de selfies avec nous pour immortaliser l'instant. 

l'arrivée de ce pays se fait sous les meilleurs hospices. L'accueil des gens est exceptionnel. quasiment toutes les voitures nous saluent, en klaxonnant, ou en nous faisant de grands signes. Je sens que je vais aimer ce pays 

Comments

[Antoine]

Vos pérégrinations internationales me régalent .

[Ardeuxroues]

Très belle plume...je suis votre périple avec plaisir...

[pepe]

Ouah bravo à vous deux et merci encore pour le partage et pour toutes les informations en particulier les passages de frontière. Le pare pierre qui déguste je crois que c'est fréquent dans vos conditions de roulage (moto bien chargée et gros trous) on se demande même son utilité quand on voit l'état de l'arrière des motos ... En tout cas bon courage pour la suite, prenez soin de vous et profitez bien, on attend la suite, comme depuis le "premier épisode", avec impatience ✌

[Dpm]

Bravo un très beau récit

Biz de Bretagne

Dom