En pleine tourmente il y a toujours un arc en ciel quelque part

Je n'ai pas su compter le nombre d'averses orageuses que nous avons pris sur le coin du museau entre Crasnoyask et trou du middle of nowhere... 

Il y a 3 ans, j'avais un peu râlé lorsque philippe avait réalisé d'une traite la liaison entre crasnoyask et Irkutsk (1100 km) sous pretexte d'être arrivé de très bonne heure à Touloun (10 km derrière la lune) et d'avoir enfilé derrière les premiers 650 km l'étape du lendemain pour une arrivée sur Irkutsk très tardive et une journée de 14 heures à rouler. Mais j'avoue comprendre maintenant pourquoi. 

le départ ne s'est fait qu'à 8H30 faute de petit déjeuner servi qu'à partir de 8Heures. Le centre ville de l'étape du soir pointé sur le GPS  et le téléphone en mode GPS de secours pointe lui sur l'adresse exacte. Il sera sorti du sac 20 bornes avant la ville pour trouver rapidement le seul établissement digne du nom "Hotel" dont les commentaires ne sont pas catastrophiques. (certains parlaient de la difficulté à trouver l'endroit mais bon...)

Autant les premiers 250 bornes les conditions étaient convenables : Température de 15° et ciel couvert. Mis à part un morceau de 10 km de pistes en travaux à doubler des camions pour contourner une grosse ville. La difficulté d'une zone sans revêtement peut varier de 1 à 10 sur l'échelle en fonction des conditions atmosphèriques. C'est après la pause déjeuner que ces conditions ont évolué vers une succession de très grosses averses, avec une nouvelle belle route en pointillés puisqu'en partie en cours de réfection. Des passages où le bitume a été grignoté par les machines avant d'être recouvert à nouveau. Dans ces passages, inutile d'essayer de guider ta roue avant. Tel un saphir, la route t'emmène là où va son sillon. Et quand l'orage arrive, c'est les rivières boueuses qui envahissent la surface du disque. La difficulté dans ses passages c'est qu'en plus, tu ne peux pas rouler à la vitesse qu'il conviendrait pour franchir la zone puisque devant toi, les pachydermes de la route se traînent comme des escargots et derrière toi, d'autres pachydermes te poussent parce que tu n'avances pas assez vite à leur goût. Tout ça en observant dans le champs longeant le chantier, les éclairs qui touchent le sol  à moins de 100 mètres. 

L'arrivée sur touloun se fait sous un déluge de flotte, vers 18H00 puisqu'on vient de se prendre 1 heure de plus dans le décalage, L'hotel est introuvable -surtout que la batterie de mon téléphone a rendu l'âme. je n'avais pas coupé les données mobiles et le manque de réseau l'a fait mouliné toute la journée dans le vide - malgré avoir tourné 1/2 heure sur les routes et chemins de cette ville sinistre et sale.  Nous avons remonté des rivières boueuses dévallant les routes à travers le village, sans succès. Alors on décide de rependre l'itinéraire vers Irkutsk après avoir penser à faire le plein d'essence (ouf une galère en moins) en se disant qu'on dormira dans le prochain routier.... rien , Nada, Que t'chi...

Vient le tour des Senas de tomber en panne de batterie. Après 12 heures non-stop c'est normal. Alors pour communiquer on s'en tiendra aux gestes pour la suite de l'aventure. 

les POI sur les GPS annoncent des lieux de logement à 60 bornes, on a pas trouvé, et 60 bornes plus loin toujours rien ressemblant de près ou de loin à un gite pour la nuit. Et les averses redoublent et les zones de travaux aussi. 

On s'arrête un instant pour faire le point et l'un des GPS nous indique une grosse ville avec des Hotels. Infos confirmées par le 2eme téléphone ayant capté un semblant de réseau quelques secondes. On file donc sur les 50 prochaines bornes sur ce point qui nous laisse entrevoir un rayon de lumière féerique au milieu de la tourmente. 

Arrivés dans cette ville plus réjouissante que la précédente, c'est une passante interpellée dans la rue qui nous dirige vers l'établissement convenable repéré sur BOOKING. On est dans la place il est 20H30 et nous nous voyons essuyé un refus catégorique de la réceptionniste !!! Elle ne veut pas nous loger. NIET !! 

Bon, OK rallumage du téléphone, reprise de booking, évidement l'établissement n'est maintenant plus disponible ! la bourrique aura viré la proposition dans l'intervale. OKIIIII.... on trouve un autre établissement à 3 km et pour ne pas risquer le prochain Niet, On réserve même si le prix est 3 fois plus cher. Là il y a urgence; la nuit arrive, et il n'est pas pensable de poursuivre raisonnablement notre route sans halte. Il reste 300 bornes avant Irkutsk. 

on file au point de l'hotel réservé et là !!!! bah c'est pas un hotel. c'est un sanatorium (établissement médical pour le traitement des différentes formes de tuberculose)  réservé à des adolescents ....Et logique : Ils ne peuvent en aucun cas nous héberger malgré notre réservation. Ils nous renvoie vers l'hotel qui vient de nous refuser. Bon là je craque. Après 800 bornes de route dans ces conditions j'ai des excuses.

C'est grâce aux jeunes filles parlant un tout petit peu anglais que je peux expliquer notre situation. Il nous faut un lit pour la nuit, Il est trop dangereux pour nous de continuer à rouler. Alors la responsable va téléphoner à ce fameux hotel pour leur demander d'accepter de nous loger. C'est OK. La réceptionniste aurait présentée des excuses pour ne pas avoir dit Oui plus tôt. 

On posera nos sacs à 21H30 dans l'hotel de la pétasse aimable comme une porte de goulag ! Avec au menu de ce soir, une boite de paté, et une boite de sardines (sans pain) - Merci au passage à nos amis bretons ayant rempli les besaces lors du départ - ainsi que quelques sucreries en guise de dessert. 

Nous sommes exténués. Le moral en a pris un coup. Tout ça parce qu'en Russie recevoir des étrangers demande un peu de paperasse et que certains hotels sont très frileux à le faire sans réservation. C'est pour moi impensable qu'une personne sachant pertinemment que nous n'aurons pas d'autres solutions pour dormir. (Il n'y a qu'un seul hotel dans cette ville) nous a fermé sa porte par simple fénéantise face à quelques photocopies de passeport et le remplissage d'un registre ! Heureusement que les personnes du sanatorium ont eu, elles, beaucoup de compassion et ont insisté pour que nous soyons à l'abri pour la nuit. C'est ça la Russie des gens biens et les autres. Finalement un peu comme partout ailleurs

On aurait dû partir au moins 2 heures plus tôt pour se donner toutes les chances d'arriver jusqu'à Irkutsk d'une traite avant la nuit. 

La bonne nouvelle dans tout ça c'est que le lendemain matin, le temps est radieux, il n'y a plus de travaux, la route est en parfait état et que nous sommes arrivés de très bonne heure pour profiter d'une météo estivale et d'un repos bien mérité dans la belle ville d'Irkutsk. Demain le Bakaîl nous attend. Rude et froid ! mais ça c'est normal on est en Sibérie.

Comments

[bubblegum]

il parait que les épreuves forgent le caractère....le Pacha va être servi ;)



Pour le reste je vois que vous vous approchez vraiment de Oulan Bator.

[Helene Calas]

Ça me rappelle la traversée de la Pologne ! ! En moins pire quand même !

En Russie ça a l'air tout ou rien ; pas de demi mesure ?

Toujours avoir une boîte de sardines dans ses bagages me disait mon grand père 😍

J'espère du bon à venir pour vous 😊

[le phiza]

Coucou vous deux.

On ne pensait pas que ces petites friandises bretonnes seraient dévorées aussi tôt dans le périple !!! En effet, le pain était indispensable.

Bonne route.

[pepe]

Il me semble que cette journée ne sera pas la plus belle de votre magnifique voyage 😉

En tout cas bravo et encore merci de prendre le temps de partager toutes ces bonnes ou moins bonnes expériences.

Bonne route